PACKING BLOG

Le packing n'est pas l'extrême onction mais une enveloppe de sécurité qui ouvre à l'intime.

LE PACKING N’EST
PAS L’EXTRÊME ONCTION

MAIS UNE ENVELOPPE DE
SÉCURITÉ

QUI OUVRE À L’INTIME

 

 

UTOPSY
février 2012

Une
équipe pluridisciplinaire en relation d’enveloppement avec une
personne souffrante.

Que
se passe-t-il entre eux et en eux ?

 

 

I—PRÉSENTATION

Voici
ce qu’est pour moi le packing, après 30 années de pratique.  Tout
d’abord voici ce qu’en a dit Dominique, après environ 100 packs,
tous ambulatoires.. C‘était  un jeune homme psychotique très
inhibé et pourtant Il y venait en autostop, même par temps de
brouillard.  Son pack hebdomadaire et sa séance individuelle étaient
son seul lieu de Vie et d’humain. Les packs lui ayant permis
ensuite d'accepter l’hospitalisation :

 

« Le pack,
c’est une relation, c’est du chaud et c’est des gens, c’est
là que j’ai commencé à me sentir exister.
Dominique en 87

La
même année  j’ai écrit pour une encyclopédie

« Le pack est
un dispositif particulier du travail psychothérapique.

Les soignants
enveloppent la personne dans des draps mouillés et restent en
contact psychotactile . Il s’agit d’une approche
respectueuse et de présence1 . »
J’ai ajouté depuis, après des pratiques dans des circonstances
très variées et  affiné mes références théoriques ;

 

 Le
packing permet d’aller à la rencontre de la personne souffrante
quand les autres approches psychothérapiques ne sont pas possibles
ou ne suffisent pas.

2
Ce

n’est pas une alternative au massage,car ce n’est pas une
thérapie corporelle même si on contacte la personne entièrement.

Cette enveloppe de
sécurité, le tissu, => entoure nos presque 2 m2 de peau,

         =>
permet une plongée dans l’intime

=> et redynamise
l’intentionnalité vitale.

 

Voici ce que deux
autres femmes ont souhaité écrire à propos de leur packing.

 

Marie,Rose.
Qui n’a jamais été hospitalisée et n’a jamais pris de
psychotropes, le seul essai d’antidépresseur ayant été
désastreux.

 :Le pack
a été pour moi un chemin pour me constituer une enveloppe et
trouver une paix intérieure.

Entourée,
contenue, je pouvais laisser venir les émotions
de beaucoup plus profond sans avoir peur de disparaître, de
m’effondrer , de m’écouler.

Aujourd’hui, je
sens un espace intérieur où je n’ai pas peur d’être envahie.

La qualité d’un
pack, dépend de la qualité d’accompagnement des personnes qui
entourent de l’engagement physique et relationnel. L’enveloppe
n’est pas que dans es draps, mais dans la présence en humanité
qui l’accompagne.

 

Marie Josèphe ,
ne peut rien faire dans la vie qu’être assistante de
direction, lire , se nourrir, mettre toujours les mêmes vêtements,
ne rien jeter et entasser chez elle de façon qu’il ne reste qu’un
tout petit chemin pour circuler. Après près de 10 années de
travail psy, elle a accepté de prendre des psychotropes, après des
essais divers, c’est un neuroleptique de nouvelle génération qui
lui convient. Parallèlement, elle a accepté des packs, tous les 15
au 21 jours

 : Le pack
m’a permis de commence à me faire un enveloppe corporelle. Mon
esprit a enfin un endroit pour se poser. Avant cette enveloppe
corporelle, je n’avais que les
objets de mon
appartement. C’est pour ça , quand je sortais de mon appartement,,
je ne pensais qu’à une seule chose :
rentrer dans
mon cocon à l’abri des autres. Maintenant quand je sors de mon
appartement, j’emporte mon enveloppe avec moi . Je vais enfin
commencer à Habiter mon corps et commencer à vivre. Le pack m’a
permis de me rassembler  et de ramener mon esprit dans mon corps.

C’est ce que
Winnicott nomme INTÉGRATION et qui représente la première
conquête psychique du bébé.

 

 

L’équipe
de packs est une entité qui se constitue à partir de volontaires
de toutes les disciplines, hors hiérarchie, dans une institution
dans la perspective de rencontrer l’autre malade , dans son
profond, personnes pour lesquelles il n’y a habituellement pas de
psychothérapie envisageable.

.

 

Qu’en
sera-t-il du cheminement personnel de chacun  de cette équipe pour

  • « pouvoir
    Oser s’approcher ».

  • développer
    sa qualité de Présence, afin d’ « Être avec « pour
    aborder la vie psychique en approchant le psyché-soma ou
    corps-psyché, cad la corporal. »

  • «
    et se permettre d’éprouver avant d’y mettre des mots, de penser
    et d’élaborer »

  • ne
    pas être dans la curiosité .


       

Le
packing est un soin psychothérapique délicat et difficile à
inscrire dans l’institution.

---soit
une première séance aura été  décidée à l’arraché dans
l’urgence par un médecin accompagné de deux personnes
volontaires, à la fois enthousiastes et inquiètes

----soit
la décision  aura été longtemps attendue mûrie , et des collègues
envoyés en formation ou en repérage auprès d’autres équipes.
L’initiative ayant été alors,du binôme infirmiers-psychologues,
ou psychomot-psychologue …

----ou
alors du chef de service : ce fut le cas pour moi qui après des
mois de sollicitations de la part de Roger Gentis, me suis décidée
dans l’urgence d’envelopper la première fois une dame
mélancolique en 1975. J’en parlerai tout à l’heure.

 

Si
j’enveloppe, je prend contact. Le toucher est un sens particulier
qui engage simultanément chacun des protagonistes : ainsi
soignés et soignants sont engagés simultanément  avec leur
corporalité.  Ce qui nous engage beaucoup et parfois bien plus loin
que nous aurions imaginé possible.

 

Et
bien sûr,pour se permettre cela, il faut être entouré, écouté
et reconnu.

 

Donc,
dans un lieu d’accueil soignant, parfois éducatif, une équipe de
personnes  se déterminent pour envelopper une personne souffrante
dans des draps mouillés, sur un matelas posé au sol. Et ceci dans
des institutions très différentes. Pour aller à la rencontre de
son intime

 

 

L’intime , c’est
ce qui est contenu au plus profond de chacun. Quand ce dedans est
reliés à d’autres, il s’agit d’intimité entre eux. Au fur et
à mesure des rencontres avec les équipes et  les personnes qui ont
bénéficié de packs, j’affirme  que le packing conduit au plus
intime et chez la personne packée et chez ceux qui enveloppent
.
Un intime  enclos en chacun  qui va se partager entre  packés et
packants mais aussi entre les packants qui  sont interdépendants. Je
reprends la phrase de  J. Oury : «  le  packant, packé
remet en question le couple soignant, soigné, voilà pourquoi il y a
tant de résistances à le pratiquer….

Je
pose comme principe que c’est parce que le packing

  • permet
    d’aller en deçà des positions défensives, quelles qu’elles
    soient,

  • et
    ainsi amène une plongée dans l’intime                   
                                       

 

La
particularité de cette plongée dans l’intime, qui concerne
d’abord la personne enveloppée,  va attraper de surcroît, et par
surprise, les enveloppants au fur et à mesure de leur implication et
va les amener à  se défaire d’une éventuelle  position de
voyeur.

 

Et
c’est cela qui attire les uns et inquiète les autres, voire les
rend agressifs.

 

Comme
le packing est une psychothérapie, donc une relation, une
inter-relation, chacun va accueillir ce qui advient :

    • avec
      ses outils d’écoute professionnels 

    • mais
      aussi avec son intime.

    • Plus
      tard avec l’intime de l’équipe formée par le
      binôme ou trio qui enveloppe ce jour là. Le pack ne sera pas
      semblable suivant celle-ci, et tant mieux.

 

Donc
chacun va accueillir différemment, car passé le rituel de
l’enveloppe,, du mouillé,           ce n’est pas un soin avec un
protocole fixe, avec des objectifs  et un résultat  prévisibles. Il
n’y a pas de certitude, sauf celle de « on s’y colle ».

Le
packing n’est pas un soin corporel.

 

C’est
donc que la notion d’enveloppe est primordiale dans ce
dispositif de psychothérapie :

l’enveloppe des
draps permettant  celle  des soignants
.3
L’attitude extérieure et intérieure des soignants est très
sensible à la personne enveloppée, d’où l’importance
d’aborder en réunion  ce qui se passe dans notre
contre-transfert.4

 

II--IDÉES
COURANTES À PROPOS DU PACKING

Je
vous ai emmené dans le packing , comme si c’était évident.

Et
tout ce que je viens de dire vous a fait approcher que le packing est
une approche qui va bien au delà de ce qui est habituellement
véhiculé, que je tiens à évoquer avec vous.

 

LE
PACKING : On entend ce mot, on s’étonne,  qu’est-ce que
c’est ?

Si
on s’enquiert auprès de quelqu’un ou d’un écrit, on apprend :

« le
pack est une technique de soin où on enveloppe la personne ds des
linges mouillés pour lui donner la sensation des limites de son
corps. »

Vous
voyez la Tête de l’interlocuteur…et presque vous avez
honte d’avoir osé dire !

Après
avoir cette  définition si sommaire , Immédiatement :

NOUS
DÉBORDONS D’ IMAGINATION et de MÉFIANCE , en prenant les
éléments au pied de la lettre.

on
se fait une représentation visuelle de la scène : très
souvent c’est   l’évocation

- d’un LINCEUL
mouillé, avec des pleureuses  autour

- ou d’une
MOMIE , donc des images liées à la mort

et
ces Représentations viennent des fantasmes issus de nos associations
personnelles à propos du froid, du glacé 

       des
deuils,

       des appels
ds les camps de concentration,

       des
douches froides infligées à un enfant quand a                perdu
le contact avec lui :

cad
de la douleur de vivre, de la punition, de la contention avec
violence  et sur un corps objet

ET
malheureusement, certains l’assimilent à de la torture.

 

Et
très vite nos défenses intellectuelles se mettent au garde à vous.
En voici un exemple récent, paradigme de tout ce que j’ai pu
entendre :

 

je rencontrais
cette semaine une homme politique pour lui demander son soutien dans
la situation actuelle où se trouvent les initiateurs de la recherche
sur le packing avec les enfants autistes. Il m’a longuement
entretenu de son intérêt pour la psychanalyse et de son opposition
à la proposition de loi d’un député du pas de Calais qui
souhaite interdire la psychanalyse auprès des autistes. Et Mon
interlocuteur, très affable , affirme sa détermination à
ce que cette loi ne passe pas. Puis il se rembrunit :

« Mais me
dit-il, pourquoi des linges mouillés ?, ce n’est pas
sérieux 
».

Cet
universitaire, très intéressé par l’art, ne peut envisager
l’importance de ce qui est engrammé dans notre corporalité et qui
ne pourra être verbalisé qu’après avoir été retrouvé et qui
n’aura peut-être même pas nécessité d’être verbalisé..

Et
que pour laisser affleurer cet enfoui qui nous rend infirme, il
faut aller à la rencontre autrement qu’en ouvrant un tuyau oreille
neutre et bienveillant
,raccordé à un tuyau bouche bavard ou
silencieux.

Ce
sont les psychanalystesss, l’un psychiatre Gaeta Benedettiti et
l’autre Wtt qui ont écrit des textes fondamentaux qui étaient la
pratique du packing.

Je
cite Benetti :  « L’identification partielle du
thérapeute avec le patient est perçue immédiatement, tant par le
second que par le premier. Elle conduit à une identification
symétrique du patient avec l’image que le thérapeute, en
s’identifiant, dessine de lui. Manifestement, de tels phénomènes
surviennent dans un espace qui n’appartient ni complètement à
l’un, ni complètement à l’autre, un espace qu’on pourrait
appeler l’inconscient thérapeutique commun et que seule
l’intuition du thérapeute peut entrouvrir.
  Cet
inconscient thérapeutique commun est le cadre dans lequel
s’esquisse ce que j’appelle le « sujet
transitionnel ».
5(psychth
des psyc comme défi existentiel).

C’est
ce qui va se développer dans –les équipes de packing,  à
condition de ne pas se ratatiner à la définition réductrice.

 

Comme toute personne
qui n’a pas rencontré de personnes autistes, réfugiées derrière
des forteresses psychiques de tous ordres repli, délire, agitation,
paroles vides ou répétitives, il n’a pas envisagé,qu’il
fallait pour les rencontrer 

=>  de
pouvoir être une autre disposition d’ouverture à l'autre »

      => ni
qu’on puisse en contactant la personne corporellement lui permettre
du travail psychique

 

Nous ne sommes pas
que parlêtre. Les données sensorielles sont le socle à partir
duquel se construisent les premières représentations , selon les
premières formes de relations affectives. L’importance des sens
et de la confirmation affective est sous estimée ds la construction
psychique. Ce semble lié à l’importance que le christianisme a
donné au langage ainsi que le mépris dans lequel il a tenu le corps
qui  a amené cette cécité de notre culture vis à vis du corporel

 

Nous
sommes très marqués par la dichotomie Corps-esprit et encore
maintenant, être cartésien est considéré comme « être
sérieux, raisonnable, fiable ».

Or
c’est gauchir la pensée de Descartes, sa grande découverte d’
homme non religieux  a été d’oser affirmer  que c’était
l’homme qui pense et non Dieu. 

Cependant

ce dualisme cartésien , esprit qui domine tout,

  • nous
    a enfermé dans: « cogito ergo sum »

Cad : « je
pense donc je suis »

  • et
    a occulté le « senseo ergo sum »

cad : « 
j’éprouve donc je suis »

Chacun
de nous naît, grandit et meurt en étant baigné dans la
sensorialité autant que dans le langage, c’est dire l’impact
permanent  de son environnement :  . Ces informations
sensorielles sont reçues très différemment suivant le climat
affectif qui les entoure : l’affectif de la relation est
essentiel . Nous verrons plus loin qu’une anesthésie aux
sensations agréables peut se constituer : l’esprit est venu
au corps, mais le corps a perdu la sensation de vie, il ne peut que
fonctionner et mal fonctionner.  C’est là une des indications du
packing, en particulier pour les personnes autistes que j’ai vu se
promener nu dans la neige, avant qu’on ait pu leur proposer de
revenir à notre chaud.

Cette
inquiétude que le corps s’oppose à la raison a  amené à ce que
encore récemment, on fasse du langage verbal le seul instrument de
symbolisation. Ensuite, à l’aide de Françoise Dolto et de Wtt.
Puis la reconnaissance des formes imagées, comme instrument de
constructions de la vie psychique, par exemple dans l’intérêt
porté aux dessins d’enfants.

Mais
antérieurement et c ‘est là que se situe loriginalité
du packing, il ya une première manière de symboliser sensorielle ,
émotionnelle , motrice et tonique.

Ces
expériences traversées ainsi éprouvées, symbolisées sur un mode
sensoriel, émotionnel , moteur  vont s’exprimer par des
gestes,des attitudes des sentiments qui témoignent de leur
existence.

C’est
là que se situe le packing. Et l’équipe enveloppante va découvrir
toute une séméiologie à laquelle elle n’était pas  attentive,
car elle n’en voyait pas l’intérêt.  Au fur et à mesure des
packs, une disponibilité intérieure va se développer chez les
enveloppants qui vont se surprendre à éprouver ensemble, ou au
contraire à être touchés très différemment par ce qui se
manifeste.

Cf
les mamans et leur bébé dans son giron et non un utérus   

A
la sortie des draps mouillés, dans le drap chaud, on propose, à
ceux qui le peuvent,  des pastels pour représenter ce qui leur vient
sous les doigts. On va passer alors à ce second type de
symbolisation-représenatation imagée, et aussi écouter ce qui va
se parler. Les représentations d’après packs, ne sont pas des
œuvres à exposer : elles sont de l’intime, bien souvent
accessibles seulement aux initiés (le protagoniste et ses
partenaires). Isabeau , qui présentait des épisodes délirants très
destructeurs, elle arrivait en HO, dénutrie, nue et sans papiers. De
ses packs, elle a dit longtemps : « ça ne me fait ni
chaud ni froid », bien sûr, elle avait perdu toute sensualité,
elle était anesthésiée. Après plusieurs packs, elle  a pu enfin
accepter le crayon et a fait UN POINT !.Nous n’avons
pas compris tout de suite que c’était l’embryon de sa
renaissance. Les packs ont continué ambulatoirement, elle n’en
manquait aucun et les derniers dessins étaient des squiggle qu’elle
faisait avec grande joie.

C’est
ici que je peux répondre à la question de Sarah (par courriel) :
il y a parfois tant de vécus nouveaux, bouleversants, stupéfiants
merveilleux, inattendus,douloureux que le sujet a besoin de répit
pour intégrer cela dans son appareil psychique et il va, soit ne pas
venir, soit venir et demander des draps secs, soit rester là avec
son enveloppe de packants pour éprouver autrement et élaborer.

C’est
ainsi qu’avec Antoine F, nous avons été amenés à faire des
packs mensuels à deux personnes que je recevais en psych analytique
et haptonomique. Antoine était le psych de la clinique où je les
avais adressées l’une Astrid pour un épisode mélancolique,
l’autre Antoinette pour un état dépressif. Je vous montre deux
dessins d'Antoinette, l’un est une œuvre dans ses cours de
peinture, l’autre est un après pack dont elle va parler ds xe que
je vais lire//


, pour distraire un peu de toutes ces considérations je vais lire ce
qu’Antoinette dit de ses packs et montrer ses dessins :

Les
packs ont lieu à la clinique, loin de chez elle, où elle n’avait
pu rester qu’une journée et une nuit tant il y était angoissée.
Nous sommes deux : le psychiatre et moi.

 

Le
pack c’est un espace de LIBERTÉ

Ça
n’est pas contraignant

C’est
facile de dégager de la chaleur

J’ai
l’impression que j’en dégage facilement car je me sens vraiment
entourée,

 

Donc
je peux laisser venir certaines choses qui apparaissent inconnues que
je peux laisser venir car y'a votre présence qui rassure.

Pour
moi seule y'a deux personnes et surtout un homme et une femme :
le couple de parents ; C’est important qu’il y ait un homme
car je suis moins à l’aise ds mes relations avec les hommes, c’est
comme ds le groupe avec R.

Et
puis cette enveloppe humide m’avait donné dès la première fois
la possibilité de m’installer, de prendre mon ampleur. La 2émme
et 3ème je le faisais rapidement,prendre mon ampleur. Je
me recroqueville d’abord si vite avec le froid que j’ai besoin de
prendre cette ampleur pour ne pas rester ratatinée au fur et à
mesure que je me réchauffe : comme si je me marquais bien au
sol

 

Jul :
quelle différence avec les enveloppements secs, ici

 

A :
le ressenti est plus fort à cause du froid du départ et aussi
d’être sans vêtements, et aussi le fait qu’il y ait deux
personnes.

 

J :
Vs en souhaiteriez plus ?

 

A :
de personnes ? non pas pour l’instant

 

J :
qu’est-ce qui te fait revenir ?

 

 

A :
je pensais à l’appui : je ne suis toujours pas sûre de
pouvoir m’appuyer sur qq’un où prendre appui.

Après
ce moment là, des tas de choses se sont déclenchées : que je
savais peut-être théoriquement : mais là, ce n’était pas
ds la tête.

C’est
plus ancré à l’intérieur : là (épigastre) ; ce qui
concerne mes relations avec les autres. Les fois où je cherche à me
faire porter, à me faire materner : le premier « mickey »
(ds les manèges) qu’il fallait lâcher.

Comme
si à la fois prendre ma place jusqu’à sentir ce qu’est un
appui. Et le fait que si je m’appuie (appuie très fort sur les
cuisses aux pieds) je n’avais pas besoin d’être si petite

 

 

J :
ce besoin de prendre toute ta longueur

 

A :
oui, et le fait que ds les draps, avoir autant bouger. C’est
important: toujours enveloppée, je pouvais bouger.vs manifestiez
votre liberté, tu étais qd même protégée.

 

A :
par l’enveloppe et par votre présence

Je
pouvais vivre qq chose sans y mettre des mots.

Au
départ, bouger comme si j’étais en colère, mais que ça n’allait
pas me dépasser, ni me casser.

 

J :
ni nous casser

 

A :
ni vous casser

 

J :
ici aussi, vous etes enveloppée, qu’est ce qui fait que ce n’est
pas pareil

 

A :
peut-être ici, je cherche plus à parler.

 

J :
le froid vs amène davantage à éprouver, à vivre

 

A :
oui le fait d’avoir ce froid….. très long silence…pourtant
j’aime bien avoir chaud : c’est çà qui m’étonne…même
qd il fait froid, en allant me cou, j’aime sentir la fraîcheur des
draps, ça me fait du bien cette fraîcheur sur mon corps qui brûle
(du fait de l’eczéma).

 

J :
vs souvenez vs de ce qui s’est passé avec ta respiration ds le
deuxième

 

A :
euh…S… je ne me souviens pas au niveau du ressenti seulement
avoir le besoin D »’ASPIRER, comme la cigarette,

 

J :
si tu pouvais respirer comme ça , tu n’aurais pas besoin de
l’aspiration de la cigarette

 

A :
je me souviens du dessin et qu’après le pack je suis allée
beaucoup ds mon jardin pour m’en occuper.

 

J :
et ce dessin

 

A :
comme une béquille derrière que je voulais enlever : je l’ai
rayée en noir puis j’avais fait comme une poche et bcp de
clouleurs : de l’orange et cet espace bleuté sans couleur et
autour, comme une bande rouge. En dessous ce truc que j’avais voulu
enlever, mais si je l’enlevais vraiment, je ne pourrais pas tenir
debout

 

J :
donc il fallait encore aspirer

 

A :
Ben, y'avait qq chose de pas fini, ça ne tenait pas debout tout
seul.

:
ds mon dessin, plein de couleurs pour cacher. Attirer le regard sur
ça pour que le reste ne se voit pas.

 

J :
et pouquoi, vs revenez ?

 

A :
Au pack ? Pq j’y reviens, en fait qd vs m’avez posé la
question, j’ai revu ce truc tt noir : la béquille à
enlever : c’est pour pouvoir enlever cette b équille ,
pour pouvoir continuer ce que je fais ici et ds le groupe.

 

J :
que tu appellerais ?

 

A :
pour moi, c’est aussi enlever la béquille.

Me
regarder, m’accepter davantage, me connaître. Ds le groupe, en
plus c’est avec d’autres.

 

J :
Que diriez-vs de l’état ds lequel ça te met ?

 

A :
  « ça me met Humm. Mettre un mot sur l’état ?

A
soulève ses mains comme si elle tenait un ballon : JE SUIS
EN PROFONDEUR

 

ON
recherche ce qu’elle avait sur les enveloppements secs :

 

L’ENVELOPPE,
ÇA EMMÈNE LOIN DANS L’INTIME

ET
PENSER, À LA VIE, À LA MORT , EN MÊME TEMPS.

 

 

Avant
d’accepter de commencer les packs,  la notion de psychosomatique
nous était familière depuis longtemps,  nous savions que notre
psyché, peut bien souvent  inconsciemment être cause de troubles
corporels, qui peuvent être modifiés par l’écoute de la parole.

En
revanche, si toutes sortes d’activités corporelles étaient
proposées,     nous n’étions pas prêts à prendre en compte la
personne avec sa corporalité (cad notre manière personnelle de
vivre notre corps), dans une perspective psychothérapique, c’est à
dire pour en accueillir et reconnaître les effets psychique .
ÉTRE AVEC la personne, sans attendre rien d’autre

  • que
    d’être ensemble

  • et
    laisser se développer ce qui apparaît en y étant très attentif..

La
psychanalyse nous enfermait : nous n’étions pas encore prêts
à travailler Winnicott au delà de la notion « d’espace
transitionnel » pourtant utile pour l’abord du packing et
dont le psychiatre suisse N. de Coulon fait la trame de son article
sur le packing en 1985.

Wtt,
d’abord, mais aussi Bio, Benedetti, meltzer sont mes références
les plus lues et relues. 

EN
1969WINNICOTT      dans son article « entre la mère et
l’infans » : expérience de l’échange, dans «
 la
crainte de l’effondrement » écrit « l’analyste,
habité  par un moralisme analytique rigide, ne se permet pas de
toucher son patient
 », et souligne l’importance de
toucher le patient dans les cas où la mère du patient a fait défaut
à son bébé, de manière répétée à un moment très important de
son développement.  Faire défaut à son bébé ne signifie pas être
mauvaise ou…crocodile !  Les mères d’enfant autistes ont pu
faire défaut car l’enfant n’était pas présent pour sentir son
approche. Je
cite Wt évoquant qu’après avoir pris
dans ses mains la tête de sa patiente, un bercement s’était
installé « cette expérience de bercement partagé illustre ce
à quoi je fais référence lorsque je parle des premières  phases
de soins apportés au bébé. Les pulsions instinctuelles du bébé
n’y sont pas particulièrement impliquées. Ce qui est essentiel,

c’est
la communication entre le bébé et sa mère sur le plan anatomique
et physiologique de leur corps. Les simples manifestations de la vie
comme les battements de cœur, les mouvements respiratoires, le
souffle chaud, les mouvements qui indiquent le besoin de changer de
position etc sont autant de phénomènes significatifs d’une telle
communication. »

CF :
bercement ds le contact hapto

Les
mamans d’enfants autistes souffrent terriblement de ne pas sentir
cet accordage. 

Le
dispositif du packing, espace de séance accordé exactement à la
taille de l’enveloppé, doublé d’un présence renforcée de deux
ou plusieurs enveloppants, qui sont dans un accueil  de toute leur
personne, accueil affectif, certes, mais pas accueil investi
libidinalement comme on l’est avec les personnes de sa vie,  va
amener parfois tout de suite, parfois
après de nombreuses
séances cette communication en deçà des mots. Même si les
mots font enveloppe sonore nécessaire.

Mais
pour cela , il faut aussi s’imprégner de tout  l’enseignement de
Benedetti : «les thérapeutes, non seulement
s’approchent de leurs patients, mais aussi se mettent à leur place
pour endosser et surmonter leurs troubles et leurs angoisses »
in « la psychothérapie des psychoses comme défit
existentiel »

 

Les packs de
Clarisse, née en70, illustrent d’une part une situation où la
mère a fait défaut  à son corps défendant et d'autre part
l’intérêt de proposer des packs à des personnes qui ne sont pas
psychotiques. Particulièrement à des personnes qui ont souffert de
terribles privations sensorielles et relationnelles dans leur vie de
bébé.

Dans l’analyse,
ça n’avançait pas du tout. Elle m’évoquait ce que m’avait
dit Dolto qd je lui avais demandé ce qui se passait quand les
personnes avaient été réellement déprimées : « beaucoup
de sommeil pour le psychanalyste ! »
Clarisse n’avait
pas accès aux associations, en fait, elle s’accrochait à sa
parole pour être là, . En bruitant des mots, cela lui permettait de
continuer à respirer. Et moi je e voulais pas dormir, comme avec
Antoinette avant que je lui propose de l’envelopper ds des
couvertures pdt sa séance. : je sentais que ça ne suffirait
Comme Clarisse allait à Parentèle avec un de ses enfants, nous
avons pu lui faire des packs à l’association. Car il faut être
deux, voire plus. La fonction contenante,  a été réalisée pour
cette  personne-là par les packs.

A
sa naissance, Clarisse pesait 1k3OO, bien que née presque à terme.
Elle avait donc déjà souffert sur le plan somato-psychique pendant
sa vie utérine. Elle a passé ensuite 3 mois en couveuse , sans
aucun contact avec sa maman.
Pas même visuel puisque celle-ci
était obligée de venir avec des jumelles pour voir son bébé.
Clarisse était suffisamment résiliente pour que son esprit se
développe déconnectée de son psyché-soma, son esprit lui tenant
lieu de maman ( cf wtt : l’esprit et ses rapports avec le
psyché-soma, in PP)
. Clarisse, , grandit dans sa famille
nombreuse et généreuse. Elle teste bcp l’amour de ses parents :
      

« 
à l’adolescence, mes parents, je les ai crucifiés ! »
.

Dans
son travail analytique, elle ne peut que raconter, ou se plaindre  et
s’assurer de ma présence indéfectible malgré ses retards et
oublis. Actuellement puéricultrice, elle est refusée aux entretiens
d’embauche. Avec ma collègue , nous sommes dans une démarche
commune : aussi les conditions semblent favorables pour cette
cure.

Mais
Clarisse a froid, pack après pack, malgré notre présence, notre
contact, la couverture, et la pièce surchauffée. Nous sentons qu’en
Clarisse, ça refuse. Elle ne peut se permettre cette rencontre :
elle est plus forte que le réchauffement physiologique der vaisseaux
pulsent davantage,ce qui amène le réchauffement. De plus un relais
sous cortical étant lié à ces sensations ce qui permet d’être
dans un autre vécu psychique., Mais Clarisse garde la maîtrise
corticale avec son esprit implacable : et tout reste figé, elle
gèle. ; On pourrait dire qu’elle refuse de s’y mettre ds le
pack

Après
le 5éme pack, elle dessine un chateaubriand bien rébarbatif.  Elle
nous dessine combien elle est emmurée et plus forte que nos pulsions
bienveillantes et soignantes.. Elle repart chez elle, emportant comme
à chaque fois les draps, mouillés, et n’oublie pas le rendez vous
suivant, ni les draps. Mais, elle nous dira en fin de séance qu’elle
avait décidé que ce serait le dernier pack, si elle ne pouvait
aller au  delà de ce froid. Ce n’est qu’après le sixième que
nous comprenons que pendant ces packs difficiles, où nous avons,
sans nous décourager, continué notre rêverie maternelle et permis
que la fonction alpha se développe chez elle qui n’était que dans
le froid piquant des objets bêta. Enveloppée, elle ne grelotte pas,
a chaud, et se met à pousser avec ses pieds , très fort et
régulièrement : son déplacement est si intense que sa tête
sort du matelas. Elle continue sa poussée, pour sortir du matelas et
s’arrêtera à mi-corps. Sa tête est hors du drap et elle nous
regarde essoufflée, souriante et brûlante sortie du matelas, à
moitiés désenveloppée. Ravie, elle raconte sa décision. Nous
convenons que chacune de nous va écrire chez elle ce qu’elle a
vécu. Tous nos écrits se ressemblent, mais le sie  est plus fort :
« enfin, je me suis fait naître » . Nous
n’avons fait qu’une seule séance après celle-là. Elle s’est
mise à rêver et recommencé à pouvoir associer. Elle a pu enfin
être embauchée, ce qui n’était plus possible depuis la naissance
de ses enfants et prendre la direction d’un service.  Après un
conflit rude avec l’équipe, elle a redemandé des packs : dès
le premier, elle s’est sentie naître sans efforts, libérée des
derniers tuyaux. Les séances suivantes, elle s’est installée dans
le confort d’être bien vivante, en accord de contact et de souffle
avec nous.

 

 

 

l
Comment une
sensibles, ainsi qu’à la possibilité de rester
ensemble en silence. Car face aux angoisses du délire, de la
dépression, de la chute sans fin, des morceaux de soi perdus et de
la haine, nous n’avions que des réponses d’écoute de paroles :
l’écoute de ces paroles n’aidait pas toujours, parfois elle
aggravait.

 

C’est
alors que j’ai osé, me trouvant sidérée, sans mots, près d’une
dame mélancolique qui se vivait décorporéisée6
m’asseoir sur son lit et prendre contact avec ses pieds. Surprise !
Elle se décrispait, retrouvait un peu de paroles à mettre sur son
mal. C’est la première fois que je prenais l’initiative de
toucher pour témoigner de ma présence. Avec une collègue
infirmière, nous l’avons enveloppée dans des draps humides, pour
un « pack ». Après quelques séances,  l’équipe
s’étonna de l’amélioration spectaculaire de cette personne si
gravement malade. En l’enveloppant entièrement de la tête aux
pieds, elle était dans notre présence ; j’ai appris depuis à
affiner cette présence dans les stages d’haptonomie. A être si
proches d’elle, nous pouvions prendre en compte en tant que
signifiants tout ce qui apparaît dans la séance ( les « Einfallen »
dit Freud dans la « Verneinung » ): les éprouvés
et non pas seulement les constructions de l’esprit, déconnectées
du somato-affectif. Nous étions ensemble.

 

La pratique de ce
soin, le packing, indispensable pour certaines personnes qui ne
peuvent être approchées autrement, a été transformée par ma
formation    haptonomique. Et c’est aussi l’haptonomie qui m’a
fait découvrir, en enveloppant ainsi des enfants polyhandicapés ou
gravement autistes, et en échangeant avec eux regards, sons et
souffle, l’intitulé de cet exposé : oser s’approcher.
L’espace de séance est à la dimension  du corps de la
personne soignée et le cadre est constitué des draps-bras. Donc,
comme dans la relation haptonomique, le cadre est posé différemment,
c’est le thérapeute et son contact qui constituent le cadre.

connu

 

Le
bébé,  chacun de nous ancien bébé, au fur et à mesure de la
conquête de notre autonomie, et de l’utilisation du langage parlé,
nous apprenons à tout mettre en mots. Mais à toutes les
expériences, découvertes vécus, sans l'utilisation des mots, mais
de mimiques, sons, gazouillis, bulles , seul ou en réponse en
réponse aux sollicitations de la mère-environnement . Tous ces
éléments essentiel e notre vie d’infans qui vont se passer dans
un bain sonore (le parlêtre) et de contacts bons ou mauvais. C’est
pendant cette périodeppré-verbale que va se constituer notre
personne distincte, que notre psyché va habiter notre corps, ce que
Wtt nomme intégration et que nous allons avoir la certitude que
notre corps, c’est nous.

 

BÉATRICE

Dans
son bain amniotique son goût, son odorat et plus tard son audition,
vont lui apporter beaucoup de sensations, très personnelles suivant
la vie de sa maman, de ses parents. J’ai connu un bébé qui ne
s’est senti bien à la maternité , où l’état de sa maman
pianiste rallongeait le séjour ,que lorsque celle-ci  a osé dire
son sentiment : « la musique lui manque ». Écouter
un  disque d’elle apporté par son père,  a rempli le vide
sensoriel : la musique était associée à sécurité.
Jusqu’alors, le porter de sa maman, angoissée à l’idée d’être
mal-porteuse comme sa mère, l’empêchait de téter.

 

Le
toucher et le porter sont les ?????  les plus fondamentaux :
ce sont ceux là qui unissent les autres sensations : privés
des autres sensations , nous sommes encore touchés et portés par ce
qui nous tient (lit, sol, bras, genoux, liens).

 

Enfin
voir et respirer qui sont si nouveaux et se découvrent dans la vie
aérienne. Le regard  échangé avec ses parents sera toujours coloré
de la relation affective établie. Depuis que les pères ont la
possibilité de vivre avec leur enfant leurs deux ou trois premières
semaines, les puéricultrices de PMI rencontrent moins de bébés qui
ne regardent pas : les mamans sont soutenues, voire portées par
leur compagnon. Des nouveaux-nés pleurant sont rassurés, portés
par leur père, écoutant sa voix et la mélodie bien connue in
utero des échanges langagiers de ses parents . Ils échangent  leur
regard : avec la vie aérienne, ils découvrent que leur corps de
parle-être  existe  avec un autre que leur mère.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis
plusieurs années, je lis et relis l’article de
Winnicott : « l’esprit et ses relations avec le
psychésoma ».

Je
l’avais squizzé très longtemps, suffisamment nourrie par ses
autres articles plus connus , par Joyce mac Dougall , Françoise
Dolto  et Lacan qui prenait trop de place dans mon…esprit et
m’empêchait de penser, en me coupant de ma psyché. C’est dans
Winnicott, puis Bion, que j’ai enfin lu à propos des toutes
premières relations du bébé,  des choses qui m’ont correspondu,
pour que, dans ma présence d’analyste, j’ose être dans mon
entier, mon intuition, mon affectif et donc mon psyché-soma. Ceci,
parallèlement, à l’obligatoire présence créatrice pour
pratiquer le packing, comme un réel accueil contenant et portant ,
présence développée  par l’haptonomie.

 

Accueillant
de plus en plus  largement , j’ai reçu de plus en plus large.
Donc je ne me suis pas bornée à utiliser mes oreilles , mais aussi
toute ma personne corporéisée.

 

« les
résultats de cette partie du travail  psychanalytique conduisirent à
une phase temporaire  dans laquelle  n’existait ni esprit ni
fonctionnement mental .Il fallait cette phase temporaire ds
laquelle la respiration du corps était tout. De cette façon, la
patiente devint capable d’accepter l’état de non-connaissance
(
au lieu de toujours maîtriser avec son esprit) parce que je
la portais (holding) et que je maintenais une continuité par ma
propre respiration pendant qu’elle se laissait aller,
s’abandonnait, ne savait rien 
». Elle pouvait commencer à
éprouver , même si ce n’était que des sensations de
déplaisir.  Pour la première fois, elle était capable
d’avoir un psychisme, une entité personnelle, un corps qui
respirait et le
début de fantasmes ».

« lorsque
l’esprit vient trop tôt au corps, le psyché-soma souffre » :
c’est ce qui s’est passé pour Antoinette, marie-Josèphe et
Clarisse. Quant à Dominique, il dira qu’il n’a commencé à
penser qu’après les packs pendant les années de psy indi et de
groupe et d’hospitalisations séquentielles.


Je continue à citer
Wtt :  Pour étudier le concept de l’esprit, on doit
toujours étudier un
individu pris dans sa totalité,
et y inclure  le développement de cet individu à partir des tout
premiers débuts de l’existence psychosomatique. Si on accepte
cette discipline, on peut alors étudier l’esprit d’un individu
au fur et à mesure à
partir de la partie psychique du
psyché-soma.

Si
le psychésoma  d’un individu a traversé de façon satisfaisante
les tt premiers stades du développement, l’esprit n’existe pas
en tant qu’entité ds le schéma des choses propres  à
l’individu :
il n’est rien de plus alors qu’un
aspect particulier du fonctionnement du psychésoma….

 

Wtt
va alors édifier sa théorie de l’esprit, fondée sur le travail
avec des patients qui ont eu besoin de régresser jusqu’à un
niveau de développement ancien, régresser à la dépendance
des  premiers mois de la vie,    ((qd se produisent l’intégration
et la personnalisation)) .

C’est
ce que nous proposons dans tout travail psychothérapique  à
fonction contenante, comme le packing, l’enveloppement, le contact.

 

Pour
Wtt , la santé ds le développement primaire de l’individu va de
pair avec une continuité d’existence, ce que F. Dolto,
appelle la «mêmeté d’être ». Le  développement  du
psyché-soma primitif suit un certain cours, à condition que la
« continuité d’existence ne soit pas troublée ».

Donc,
pour le bon développement du bébé : « un
environnement parfait est nécessaire. Au début,
cette
nécessité est absolue »
.

L’environnement
parfait est celui qui s’adapte activement aux besoins du
psyché-soma
nouvellement constitué , cad  le
nourrisson à ses débuts. Un bon environnement psychologique est à
la fois physique et affectif et s’adapte  à ce que manifeste ce
bébé-là avec ses particularités. Il n’ est pas  le bébé
parfait et imaginaire dont les besoins seraient réductibles  à des
gestes vus ds les publications ou à l’achat de gadgets  achetés
sur internet . Ils sont liés à la préoccupation maternelle avec
une présence  affective qui peut s’adapter  aux 

 

L’esprit
a donc pour origine un fonctionnement variable du psyché-soma ,en
rapport avec la menace pesant sur la continuité d’être. Cette
menace est consécutive à tout échec de l’adaptation de
l’environnement. Il s’ensuit que le développement mental est
très influencé par des facteurs qui ne sont pas personnels au bébé,
mais à ses parents.

 

Ainsi,
une carence de la maman, qui ne peut porter, ne peut s’adapter, et
surtout se montre imprévisible dans son attitude, produit une
hyperactivité du fonctionnement mental. 
Winnicott précise :
« Cette hyper-croissance de la fonction mentale, en
réaction à de soins maternels désordonnés peut faire apparaître
une séparation entre l’esprit et le psyché-soma »
.

 

En
effet, par réaction à cet état anormal  des conditions de vie
affectives et de la fonction contenante, la fonction mentale de la
personne, cad son esprit prend la relève et organise les soins du
psyché-soma.

Le
fonctionnement mental devient une chose en soi qui remplace  la
mère suffisamment bonne et la rend superflue
. Cliniquement
cet état peut aller de pair avec une dépendance   à vis de la mère
et un faux développement  personnel basé sur la soumission. La
psyché se « shoote » à l’esprit, état bien
inconfortable, si l’esprit est pris de cours, il en résulte une
grande  angoisse, comme un état de manque. C’est ce qui est arrivé
pour  Elvire et les personnes  dont je vais vous parler, quand tous
les moyens palliatifs que l’esprit a pu inventer ont été épuisés,
la personne s’est retrouvée avec l’angoisse chevillée au corps.
La psyché était  « séduite »
par l'esprit t dans lequel elle se fond et rompt son intimité
primitive avec le soma : il s’en suit une
relation
psyché-esprit qui est pathologique….
La personne a un
besoin incessant de trouver qq’un d’autre qui rende réel ce
concept du bon environnement. Cela lui permet de revenir au
psyché-soma dépendant qui constitue le seul point à partir duquel
il peut vivre…/… Naturellement, le corps  de l’individu

 

   

Un
environnement défectueux est mauvais parce que, par défauts
d’adaptation, il empiète sur le psyché soma ;cad
le nourrisson qui est forcé de réagir. Le bébé ne
s’y retrouve plus, il passe par des moments de vide, d’absence :
il devient très sage, ou s’épuise en appels vains, se tend à
l’extrême, la peau de son crâne est si tendue que ses yeux sont
exophtalmiés, a des affections somatiques graves, comme l’ont
traversé Elvire et  les personnes dont je vais vous parler  :
il se perd, perd sa continuité d’exister, il ne sent plus le même.

Depuis
plusieurs années, je lis et relis l’article de
Winnicott : « l’esprit et ses relations avec le
psychésoma ».

Je
l’avais squizzé très longtemps, suffisamment nourrie par ses
autres articles plus connus , et parrrr Joyce mac Dougall , Françoise
Dolto  et Lacan qui prenait trop de place dans mon…esprit et
m’empêchait de penser, en me coupant de ma psyché. C’est dans
Winnicott, puis Bion, que j’ai enfin lu à propos des toutes
premières relations du bébé,  des choses qui m’ont correspondu,
pour que, dans ma présence d’analyste, j’ose être dans mon
entier, mon intuition, mon affectif et donc mon psyché-soma. Ceci,
parallèlement, à l’obligatoire présence créatrice pour
pratiquer le packing, comme un réel accueil contenant et portant ,
présence développée  par l’haptonomie.

 

Accueillant
de plus en plus  largement , j’ai reçu de plus en plus large.
Donc je ne me suis pas bornée à utiliser mes oreilles , mais aussi
toute ma personne corporéisée.

.

 

L’esprit
a donc pour origine un fonctionnement variable du psyché-soma ,en
rapport avec la menace pesant sur la continuité d’être. Cette
menace est consécutive à tout échec de l’adaptation de
l’environnement. Il s’ensuit que le développement mental est
très influencé par des facteurs qui ne sont pas personnels au bébé,
mais à ses parents.

 

Ainsi,
une carence de la maman, qui ne peut porter, ne peut s’adapter, et
surtout se montre imprévisible dans son attitude, produit une
hyperactivité du fonctionnement mental. 
Winnicott précise :
« Cette hyper-croissance de la fonction mentale, en
réaction à de soins maternels désordonnés peut faire apparaître
une séparation entre l’esprit et le psyché-soma »
.

 

En
effet, par réaction à cet état anormal  des conditions de vie
affectives et de la fonction contenante, la fonction mentale de la
personne, cad son esprit prend la relève et organise les soins du
psyché-soma.

Le
fonctionnement mental devient une chose en soi qui remplace  la
mère suffisamment bonne et la rend superflue
. Cliniquement
cet état peut aller de pair avec une dépendance   à vis de la mère
et un faux développement  personnel basé sur la soumission. La
psyché se « shoote » à l’esprit, état bien
inconfortable, si l’esprit est pris de cours, il en résulte une
grande  angoisse, comme un état de manque. C’est ce qui est arrivé
pour  Elvire et les personnes  dont je vais vous parler, quand tous
les moyens palliatifs que l’esprit a pu inventer ont été épuisés,
la personne s’est retrouvée avec l’angoisse chevillée au corps.
La psyché était  « séduite »
par l'esprit t dans lequel elle se fond et rompt son intimité
primitive avec le soma : il s’en suit une
relation
psyché-esprit qui est pathologique….
La personne a un
besoin incessant de trouver qq’un d’autre qui rende réel ce
concept du bon environnement. Cela lui permet de revenir au
psyché-soma dépendant qui constitue le seul point à partir duquel
il peut vivre.
   

Un
environnement défectueux est mauvais parce que, par défauts
d’adaptation
, il empiète sur le psyché soma ;cad
le nourrisson
qui est forcé de réagir. Le bébé
ne s’y retrouve plus, il passe par des moments de vide, d’absence :
il devient très sage, ou s’épuise en appels vains, se tend à
l’extrême, la peau de son crâne est si tendue que ses yeux sont
exophtalmiés, a des affections somatiques graves, comme l’ont
traversé Elvire et  les personnes dont je vais vous parler  :
il se perd, perd sa continuité d’exister, il ne sent plus le même.

Dans
le packing l’équipe apporte une adaptation complète aux besoins
de la personne enveloppé : il n'y a pas d’empiètement.

/…
C’EST POUR CES PERSONNES QU’ON VA AUSSI PROPOSER LE PACK :
IL EN FAUDRA BEAUCOUP

 

comment
les packs entrent ds l'instituions ?

Le
packing est un soin psychothérapique délicat et difficile à
inscrire dans l’institution.

---soit
une première séance aura été  décidée à l’arraché dans
l’urgence par un médecin accompagnés de deux personnes
volontaires à la fois enthousiastes et inquiètes

----soit
la décision  aura été longtemps attendue mûrie , et des collègues
envoyés en formation ou en repérage auprès d’autres équipes.
L’initiative ayant été du binôme infirmiers-psychologues, ou
psychomot-psychologue ou….ou alors du chef de service.  Tout
existe.

 

nous permettait des
audaces, mais il nous limitait. Nous travaillions les textes de Lacan
et bien qu’ayant lu celle qu’il appelait la « géniale
tripière », M. Klein, je n’avais pas encore lu ses élèves
anglais7
et restais encore,  malgré la lecture  de Merleau-Ponty, imprégnée
du modèle cartésien. Et pourtant la notion de psychosomatique nous
était un outil familier, mais c’était cantonné  dans un seul
sens : on pouvait approcher le corps et ses troubles par la parole et
le travail sur le refoulement, mais n’étions pas prêt à prendre
le corps en compte pour en accueillir des effets psychiques. Le
modèle psychanalytique m’enfermait et avec l’abandon des cures
de Sakel, nous avions tourné le dos à l’approche corporelle du
psychisme.

 

confronte à cette
question : qu’est-ce qui me déconcertait  à tel point que
j’ai longtemps différé, alors que j’étais par ailleurs prête
à toute innovation, de me risquer à un packing ?. Mais ces
autres innovations  permettaient à mon esprit de garder la maîtrise,
de ne pas engager mon psyché-soma8.
Cela faisait longtemps que Roger Gentis le proposait, mais cela nous
paraissait une incongruité. Aussi maintenant, il m’est facile de
comprendre que le packing suscite encore beaucoup de réserves dans
bien des équipes et qu’il soit coutumier, si on s’y risque, de
le réserver aux situations désespérées

   

Cette phrase
m’évoque : « et si on l’emmenait à Lourdes »,
il y a à la fois un côté religieux, lié à la croyance :
est-on de la religion du packing, ou l’estime-t-on comme une
hérésie ou une superstition à laquelle on cèderait ( ?) dans
l’urgence. On attend un miracle, alors qu’il s’agit de
tendre un filet de draps-bras-présence sous celui qui n’en finit
plus de tomber
(d’horreur, de frayeur, de solitude, de
déchirement, d’explosion…).

 

 

A la maternité, je
rencontrais des femmes dans un moment très intense de leur vie
affective et psychique, indissolublement lié à ce qui se passe dans
leur corps, nous y sommes dans le somatopsychique : je découvrais
que les particularités du déroulement de la naissance allait
influencer les relations mère-bébé. J’ai été amenée à
toucher ces mamans  et ces bébés, parfois à les entourer ou les
porter. D’abord, pour les aider à mettre  au monde leur bébé,
puis, une fois le bébé arrivé dans leurs bras, pour les aider  à
lui présenter le sein et à le porter et être avec lui
(holding).

Cette
première fois, c’était comme une extrême-onction

C’est
à ce moment que j’ai rencontré Germaine. Très grosse dame,
terrée dans son lit, elle s’en allait de plus en plus loin et se
sentait disparaître : malgré son gros ventre qui faisait un
ballon sous les couvertures, celui-ci n’existait plus pour elle :
l’insupportable angoisse qu’apportait ce vide d’organes lui
faisait souhaiter la mort. La sismothérapie semblait inévitable. A
la maternité, j’avais découvert la notion d’urgence vitale.
Pour Germaine il y avait urgence vitale aussi, mais pour des raisons
psychiques. Sans réfléchir, pour la première fois, tant j’étais
saisie par sa détresse, j’ai trouvé une réponse adressée à son
psyché –soma : je me suis approchée d’elle avec mes mains,
puisque ce n’était pas possible avec la parole, car ses mots, son
attitude nous tenaient à distance. Il était évident pour tous
qu’on n’allait pas raisonner son esprit : « vous
sentez bien que vous avez un ventre puisque vous mangez, vous
déféquez, vous urinez » !

Se confronter à son
silence terrifié était si lourd, on avait envie de fuir. Cherchant
à l’approcher, à témoigner de ma présence attentionnée et
aussi à réussir à rester avec elle, j’ai  contacté  ses pieds à
travers le drap. Rien faire, qu’être là et rester en
contact
. Étonnement, elle se réanimait, se montrait soulagée,
s’ouvrait un peu à l’instant présent, elle et moi ensemble. Une
réponse  psychique se faisait  à mon approche (qualité de
présence)  qui était médiatisée par le contact de mes mains,
contact de son corps par le mien.

Cette réponse s’est
renouvelée le lendemain. Le jour suivant, avec une collègue
infirmière nous lui faisions son premier pack (ainsi que le
nôtre !). En nous brûlant les mains en préparant les draps,
car nous ne pouvions nous résoudre au froid !

Cet
engagement, c’était l’ultime démarche : démarche
d’extrême-onction, sacrement des mourants ou des sacrements
malades. Il a fallu beaucoup d’années de travail en psychiatrie
avec des cures de packs, le vécu du contact dans ma propre analyse,
la découverte personnelle et professionnelle de ce qui apparaît
quand la cuirasse musculaire ne tient plus lieu de mantèlement, les
échanges avec des soignants qui vivaient pour eux le pack en stage
de formation, pour m’apercevoir que j’étais restée un certain
temps avec un modèle  d’extrême –onction, comme pour cette
dame.

  • Pour Germaine,
    c’était même Lourdes, nous l’avions guéri d’un cancer…
    imaginaire ! Car elle avait retrouvé avec plaisir son gros
    ventre. Comment en était-elle arrivée là ? Pour fuir
    l’angoisse de la certitude du cancer, elle avait dû nier
    l’existence de ce ventre qui la mettait en danger : dans les
    packs, elle a d’abord retrouvé son ventre, mais restait la
    certitude du cancer, puis le cancer même a été oublié.

  • On
    peut penser que la fragilité de Germaine remontait à l’époque
    de svie de bébé où elle venait juste de réussir son
    intégration,9
    ce qui est une période très fragile pour affronter seule, sans la
    protection de la maman, les persécuteurs du monde extérieur.
    Ceux-ci se présentaient pour Germaine sous forme de la bête
    dévorante-cancer. Pour échapper à ceux-ci et éviter la
    désintégration, il ne lui restait que le recours d’un clivage
    extrême : se séparer de la partie attaquée, les persécuteurs
    ayant été introjectés alors qu’ils auraient pu être expulsés
    à l’extérieur sous forme de vécu de persécution. Quand
    Germaine eut été suffisamment « portée avec dévotion »
    par les thérapeutes du pack (Anne-Marie infirmière et moi), elle
    pouvait de nouveau affronter les persécuteurs –le cancer- sans
    menace de désintégration. Puis elle n’a plus senti la menace.
    Elle est sortie rapidement de l’hôpital et a continué les packs
    en revenant en Hôpital de jour.

Cette
position d’extrême-onction établissait notre limite à cette
époque nos débuts. Nous ne savions comment aller au-delà de
l'onction salvatrice : après nous être situées en clergé
dans la religion du défi à la mort, nous ne savions comment nous
retrouver soignantes psychothérapeutes comme nous l’étions
quotidiennement. C’est pourquoi, nous l’avons trouvée trop
familière quand Germaine nous a demandé, à la fin d’une séance,
pendant son temps de retrouvailles du monde extérieur, de lui couper
les ongles des orteils,  sa corpulence la gênant pour atteindre ses
pieds. Nous avons alors estimé que ce n’était plus dans notre
projet et avons mis fin à la cure.

  • Voici
    encore des restes de la culture analytique formelle !  La
    position d’extrême-onction  nous enfermait. Puisque Germaine
    semblait tirée d’affaire, elle pouvait aller vivre sa vie et se
    faire soigner les pieds par un pédicure. On dit bien de quelqu’un,
    dont les troubles psy sont évidents, qu’il n’est pas là pour
    les cors aux pieds ! Nous n’avions pas encore intégré qu’il
    s’agissait d’une psychothérapie. La psychothérapie
    psychanalytique n’est pas n’est pas un rituel religieux10,
    mais nous nous étions retrouvées à provoquer un évènement
    miraculeux. Or sans le concevoir consciemment, nous avions établi
    une relation suscitant un attachement transférentiel de sa part et
    sans travailler notre contre-transfert. Alors nous lui avons tourné
    le dos, puisqu’elle ne paraissait plus ni mourante, ni malade.

  • Or,
    sans le savoir encore, nous nous étions mises en situation de
    réparer le bébé morcelé mais paradoxalement nous la voulions
    tout de suite grande, cela à cause de notre modèle d’onction
    salvatrice. Rétrospectivement, la façon dont nous avons cessé les
    packs porte une ombre sur cette extraordinaire aventure.

 

On peut penser que
la fragilité de Germaine remontait à l’époque de sa vie de bébé
où elle venait juste de réussir son intégration,11
ce qui est une période très fragile pour affronter seule, sans la
protection de la maman, les persécuteurs du monde extérieur.
Ceux-ci se présentaient pour Germaine sous forme de la bête
dévorante-cancer. Pour échapper à ceux-ci et éviter la
désintégration, il ne lui restait que le recours d’un clivage
extrême : se séparer de la partie attaquée, les persécuteurs
ayant été introjectés alors qu’ils auraient pu être expulsés à
l’extérieur sous forme de vécu de persécution. Quand Germaine
eut été suffisamment « portée avec dévotion » par les
thérapeutes du pack (Anne-Marie infirmière et moi), elle pouvait de
nouveau affronter les persécuteurs –le cancer- sans menace de
désintégration. Puis elle n’a plus senti la menace. Elle est
sortie rapidement de l’hôpital et a continué les packs en
revenant en Hôpital de jour.

 

Cette position
d’extrême-onction établissait notre limite à cette époque de
nos débuts. Nous ne savions comment aller au-delà de l’onction
salvatrice : après nous être situées en clergé dans la
religion du défi à la mort, nous ne savions comment nous retrouver
soignantes psychothérapeutes comme nous l’étions quotidiennement.
C’est pourquoi, nous l’avons trouvée trop familière quand
Germaine nous a demandé, à la fin d’une séance, pendant son
temps de retrouvailles du monde extérieur, de lui couper les ongles
des orteils,  sa corpulence la gênant pour atteindre ses pieds. Nous
avons alors estimé que ce n’était plus dans notre projet et avons
mis fin à la cure.

 

Voici encore des
restes de la culture analytique formelle !  La position
d’extrême-onction  nous enfermait. Puisque Germaine semblait
tirée d’affaire, elle pouvait aller vivre sa vie et se faire
soigner les pieds par un pédicure. On dit bien de quelqu’un, dont
les troubles psy sont évidents, qu’il n’est pas là pour les
cors aux pieds ! Nous n’avions pas encore intégré qu’il
s’agissait d’une psychothérapie. La psychothérapie
psychanalytique n’est pas n’est pas un rituel religieux12,
mais nous nous étions retrouvées à provoquer un évènement
miraculeux. Or sans le concevoir consciemment, nous avions établi
une relation suscitant un attachement transférentiel de sa part et
sans travailler notre contre-transfert. Alors nous lui avons tourné
le dos, puisqu’elle ne paraissait plus ni mourante, ni malade.

 

Or, sans le savoir
encore, nous nous étions mises en situation de réparer le bébé
morcelé mais paradoxalement nous la voulions tout de suite grande,
cela à cause de notre modèle d’onction salvatrice.
Rétrospectivement, la façon dont nous avons cessé les packs porte
une ombre sur cette extraordinaire aventure.

 

Le
packing est un soin psychothérapique délicat et difficile à
inscrire dans l’institution.

---soit
une première séance aura été  décidée à l’arraché dans
l’urgence par un médecin acompagné de deux personnes  volontaires
à la fois enthousiastes et inquiètes

----soit
la décision  aura été longtemps attendue mûrie , et des collègues
envoyés en formation ou en repérage auprès d’autres équipes.
L’initiative ayant été du binôme infirmiers-psychologues, ou
psychomot-psychologue ou….ou alors du chef de service.  Tout
existe.

 

C’est
pourquoi , comme pour tout soin basé sur la relation, il est
indispensable qu’un lieu intime soit institué pour accueillir le
« matériel » accumulé par chacun des packants
, au
fil des séances. La réunion d’associations libres et de
réflexion qu’est la supervision est indispensable : réunion
assurée par une personne de préférence extérieure à
l’institution, de préférence psychanalyste, mais il est
nécessaire qu’elle aussi s’investisse et qu’au pack elle s’y
soit collée.

 

Cette
réunion doit être reconnue institutionnellement. En voici en
exemple : le nouveau médecin chef de service de psy D, prenant
ses fonctions, vient confirmer l’engagement du service dans le
packing, au début d’une séance de supervision. Il y a  précisé
que ne pouvaient être membre du packing que ceux qui participaient
aux réunions de supervision..

 

Ce
qui signifiait que ce médecin a, lui aussi, comme je l’ai, notion
du pouvoir malsain qu’on peut avoir sur un soigné,un patient (là
le mot est approprié) qui est à notre merci, emballé, dans une
position émotionnelle accrue, allongé et avec les autres soignants
au dessus de lui, avec tout ce qui peut surgir de nos pulsions, ou
manipulatrices ou sadiques ou dévorantes.

D’ailleurs,les
rares personnes refusant d’y participer sont ceux qui se situent
en position de maîtrise, (discours du maître de Lacan) , veulent
diriger la vie du malade et surtout ne pas se mouiller

 

En
entendant ces paroles, vous comprenez que l’essentiel est  ce qui
se passe dans « l’ici et maintenant, »

C’est-à-dire
dans  la géographie et le voyage partagé , voyage somato-
affectivo-psychique.

 

Découvrant
au fil des séances, l’importance de cette présence dans
l’instant, on se pose les questions de :   = où se
situe-t-on ?

Et
on observe, émus, les transformations :les membres moins
raides, le ventre qui se soulève,

la
gorge qui s’apaise, le cri qui peut sortir, la respiration qui se
débloque 

Et
même des bruitages pharyngés inconnus : Après 6 packs, Emma,
petite fille polyhandicapée, qui ne pouvait qu’avaler « tout
rond »de la nourriture liquide, a découvert l’usage de sa
langue de ses dents pour manger. Elle nous avait étonnés par ses
découvertes oro-pharyngées nouvelles à chaque séance.

 

On
marche ensemble. Aurait-on pu imaginer qu’Emma pourrait manger. On
pensait plutôt à une stomie !

 

 

 

Les
uns accompagnent l’autre qui tâtonne son chemin pour qu’il ose
poursuivre. Personne ne sait où on va arriver, car c’est une
exploration.

Mais
l’enveloppé sait, lui, qu’il n’est pas observé, mais
accompagné au plus près, sans la curiosité.

Qu’il
est respecté, en sécurité.

 

Au
fur et à mesure des packs et des supervisions, le packant va lui
aussi être transformé
et s’étonner de ne plus être sensible
à l’histoire, de ne plus être seulement « toute ouïe »
, mais tous sens ouverts . Ainsi Martine a constaté et s’en
émerveillait : « au dernier des packs de Laurence , mon
ventre a parlé tout le temps du pack ». Martine  prenait congé
avec son cerveau mésentérique de cette rencontre intime et
exceptionnelle et pourtant  épuisante et angoissante, qu’elles
avaient vécu pendant cette longue cure. Cette cure qui avait permis
à Laurence que tous les soins et activités proposés amènent une
transformation de son état et non simplement une sédation passagère
de ses troubles. Je ne me risquerai pas à dire une guérison
bien sûr : mais transformation. Un changement de
registre ou d’organisation a été possible.

Et,
par conséquent, un changement en retour de la part du collectif.

 

Donc
les packants se transforment au fur et à mesure qu’ils se
permettent d’être dans ce qu’ils éprouvent, dans
l’instant, « l’ici et maintenant ». Carole dit :
« maintenant que nous sommes dans l’éprouvé, on ne supporte
plus que ça raconte ». Pour cela, il a fallu outre la
formation,  être écoutés encore et encore sur ce qu’ils ont vécu
pendant les séances de supervision.

 

Et
aussi quand ils l’ont souhaité le vécu pour  eux-mêmes d’une
séance de packs . Eléonore, infirmière, avec une longue
expérience, s’est émerveillée après avoir été « packée » :
« c’est extraordinaire de sentir autant d’attention pour
soi  et se sentir si précieux ». Ce qu’elle a vécu là, lui
a été un viatique pour persévérer dans   des packs très lourds :
quand l’équipe se détermine à rencontrer une personne dans le
puits profond où elle est recroquevillée.

Elle
disait aussi en parlant de la présence qu’elle avait pu garder
lors d’une VAD très périlleuse : « c’était comme un
pack ! ». Ce jour là, elle m’a appris qq chose sur les

 

13Personnellement,
de toute approche psychothérapique : psychanalyse, haptonomie,
psychodrame  c’est dans le pack que je me suis sentie le plus
proche, le plus en adéquation avec l’autre.

 

Mais
après cette proximité, le détachement est nécessaire, la scansion
du temps entre les séances, et la mise en mots.

Le
pack est un révélateur : encore faut-il accueillir et non
solliciter sur ce qui nous intéresse
.

 

Bien
sur, cela se présentera  différemment pour les personnes autistes
qui n’ont pas encore de repérage dans  le temps,  qui sont
obligés, en se mutilant, de se faire souffrir pour sentir leur
existence et diminuer leur angoisse.,. Pour eux les packs, qui
permettent un sentiment d’existence de soi, seront plus fréquents,
parfois quotidiens : ce sera le seul moment de la journée où
la paix sera possible.

Mais
leurs packants auront besoin de beaucoup de temps de supervision,
pour que ces enveloppements ne deviennent pas

- routine,

- contention

-
ou comportementalime : « on veut ton bien, donc on
t’apprend à t’habituer à rester une demie heure sans pouvoir te
mutiler ».

Car
on se trouverait  dans la position que Lacan nomme : « le
discours du maître » . –ou le soignant, supposé savoir
attend du sujet-objet une réponse convenue.

 

Antoine
Fontaine qui a organisé un colloque sur benedetti , avec ses
collègues que vous avez entendus écrit, dans la revue santé
mentale « un langage dépourvu d’implication émotionnelle ne
peut être opérant sur la souffrance ». 

 

Juliette
Planckaert

2012
a

BENEDETTI

 

1
Encyclopédie hachette , l’univers psycho corporel 1990. Juliette
Planckaert

 

2

 

3
En ce qui concerne les soins psychiques, se dénommer « soignant »
suppose d’accepter, que simultanément nous sommes soignés par la
personne soignée, dit J. Oury

 

4
C’est-à-dire à ce qui se passe en soi à l’égard de la
personne soignée.

Ces
séances de travail permettant aux soignants de perlaborer ce qu’ils
ont vécu, ceux-ci peuvent se permettre d’être  ouvert à leur
intuition pendant la séance, et d’ouvrir leur  possibilité
d’accueil au lieu de sortir leurs piquants

 

5
G. Benedetti,
la
psychothérapie des psychoses comme défi existentiel

p.92 éd. Erès

 

6
on nomme cet état de négation d’une partie du corps :
syndrome de Cottard.

 

7
D.Winnicott, W.Bion,D. Meltzer, E. Bick

 

8
L’esprit
et ses rapports avec le psyché-soma

in de la pédiatrie à la psychanalyse, D. Winnicott.

 

9
D. Winnicott, in
psychose
et soins maternels.

Extrait de :De la pédiatrie à la psychanalyse.

 

10
Ni une rééducation

 

11
D. Winnicott, in
psychose
et soins maternels.

Extrait de :De la pédiatrie à la psychanalyse.

 

12
Ni une rééducation

 

13
Les packés qui peuvent parler ont le même besoin de
parler dans l’après coup : à  leur référent, à leur psy,
à leur médecin. Anna qui a des packs ambulatoires, sans avoir
jamais été hospitalisée, « c’est comme si je passais d’un
monde à l’autre, ça fait du bien de dire tout ça. Dans la
mesure où je n’y avais pas encore mis de mots, même seule,
y’avait qq chose qui manquait, comme si ça n’était pas abouti.
Le pack c’est un révélateur ».


 

 



16/12/2012
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