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Dr Patrick Alary FASM Croix-Marine Packing et psychothérapie intitutionnelle, la politique des boucs émissaires

http://osonspenseretagir.blogspot.fr/2012/03/medaipart-fasm-croix-marine-packing-et.html

 

 


Edition : Contes de la folie ordinaire
 
 
 
Au-delà de l’autisme, des autres troubles envahissants du développement et des interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent que promeut cet avis, et malgré la méthode participative dont il est fait état dans le préambule de ces recommandations, force est de constater que ces nouvelles recommandations, manifestement, sont un compromis sur l’autel duquel on a choisi de sacrifier le packing ainsi que la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle afin de ménager les lobbies s’affrontant bruyamment depuis quelques mois autour de la question de l’autisme. Au-delà de la nouvelle ligne Oder-Neisse, donc, les promoteurs de ces approches ne sont probablement pas considérés comme assez puissants pour être pris en considération.

Ainsi donc, l’H.A.S. est opposée à une pratique dont elle recommande malgré tout l’usage dans le cadre de protocoles de recherche visant à en valider, éventuellement, l’utilisation... Il s’agit, sous une forme rappelant la casuistique jésuite, d’une injonction paradoxale : je vous interdis les moyens de prouver scientifiquement ce que vous avancez… En effet, avec une telle recommandation, comment les parents se risqueraient-ils à accepter une telle pratique dans un protocole de recherche pourtant autorisé ? Cela revient, de fait, à interdire et le packing et la recherche sur le packing et ce au nom des « questions éthiques soulevées par cette pratique » alors même que d’autres, comme la méthode ABA, sont elles aussi contestées, pour les mêmes raisons, par d’éminents scientifiques (« De nombreux gouvernements subventionnent pourtant toujours ces thérapies, qui coûtent jusqu’à 60 000 dollars (45 000 euros) par an et par enfant, sous l’influence de groupes de pression. M. Mottron s’inquiète pour sa part d’un possible soutien gouvernemental français à l’ICI. La Haute Autorité de santé a en effet commandé un rapport sur ces méthodes qui lui semble biaisé en leur faveur : “ En favorisant l’ABA (Analyse Appliquée du Comportement) pour contrer la psychanalyse de l’autisme, on passe du tsar à Lénine !”, dénonce le psychiatre-chercheur canadien Laurent Mottron ») (5).
C’est une autiste, Michelle Dawson (6), chercheuse nord-américaine réputée, qui s’en prend à l’ICI (7), préconisée en Amérique du Nord. En 2004, Mme Dawson a publié, sur le web, un plaidoyer sur le manque d’éthique de cette technique et critique maintenant la mauvaise qualité des travaux en intervention : « La littérature sur le sujet est énorme en quantité mais pauvre en qualité scientifique. » Michelle Dawson dénonce également l’adoption de « standards éthiques et de recherche beaucoup plus bas » que la normale et se demande« pourquoi les autistes vivent des discriminations même dans ce domaine ». Nombreux sont les rapports de recherche qui vont aujourd’hui dans le même sens qu’elle : selon l’Académie américaine de pédiatrie, « la force de la preuve (en faveur de l’efficacité  de ces techniques) est insuffisante à basse. (8)»
Rappelons que la science n’est pas un dogme, « toute connaissance est issue d’un processus de construction, processus qui consiste en une réorganisation qualitative de la structure initiale des connaissances et qui peut s’assimiler à un changement de conceptions [3] ».  Pierre Delion rappelle que « [les scientifiques]savent bien qu’avant de pouvoir démontrer quelque vérité scientifique que ce soit, le chercheur émet des hypothèses abductives (j’ai l’intuition que) puis conduit ses recherches pour tenter de démontrer de façon déductive et inductive les hypothèses émises. S’il n’y avait pas d’abord des intuitions basées sur la clinique, aucune découverte n’aurait pu être faite en médecine, ni a fortiori démontrées dans le cadre de l’Evidence Based Medicine. » C’est la base même de la recherche expérimentale.
La vérité, c’est que les “Bonnes pratiques” se construisent aujourd’hui comme la nosographie moderne. Elle fournit certes un substrat d’évaluation des nouvelles molécules et de protocoles de recherche, définitions elles-mêmes de compromis et non dénuées de conflits d’intérêt comme l’a encore montré la tentative récente d’introduire le deuil comme une pathologie authentique. La vérité, c’est que la nosographie, Edouard Zarifian le dénonçait en 1996, est trop souvent confisquée par l’industrie pharmaceutique, « Ce rapport met notamment en cause, la surprescription des psychotropes par les médecins généralistes ainsi que la trop grande convergence entre le savoir dispensé par l’université et celui que diffuse les laboratoires pharmaceutiques dans le cadre de leurs opérations de marketing. Cette particularité, relève le Pr Zarifian (9), serait propre à la France », dénonciation qui ne lui pas valu que des amis et au nom de laquelle il recommandait «  un éclectisme méthodologique ». L’histoire du trouble du déficit de l’attention montre à quel point il avait raison (10). Les recommandations de l’HAS, tout en récusant habilement les plus farfelues d’entre elles, ont pour objet de donner un fondement considéré comme scientifique aux interventions éducatives, comportementales et développementales individuelles selon le modèle anglo-saxon dominant.
On peut le vérifier dans l’amalgame fait dans ces recommandations au sujet de la psychanalyse et de la psychothérapie institutionnelle (11): « l’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur : -  les approches psychanalytiques, -  la psychothérapie institutionnelle ». Cette formulation rappelle le « Va, je ne te hais point » de Chimène à Don Rodrigue (12). Le texte lui-même montre une profonde méconnaissance de ce que sont ces outils, situés négativement du côté du soin, et de ce que convoquent constamment l’une et l’autre, la singularité de la personne humaine et de sa psyché. Elles rappellent ce qu’Hannah Arendt formulait en son temps, « la possibilité pour les hommes d'agir c'est-à-dire de se rapporter aux autres par des actes ou des paroles… La parole échangée, discutée, débattue qui permet d'unifier la pluralité humaine ». Doit-on, après ces recommandations, considérer que la personne autiste ou souffrant de TED ainsi que sa famille sont dépourvus de psyché ? Doit-on refuser un outil qui permet aux équipes de mieux prendre en compte les interactions, entre patients, entre patients et soignants, entre soignants et familles et au sein même de ces familles ?
 
Même s’il est arrivé que certains praticiens de la psychanalyse aient pu soutenir des positions blessantes, laissant penser aux parents qu’ils étaient coupables de la maladie de leurs enfants et en adoptant avec eux une attitude distante et sans empathie ou en proposant des prises en charge trop légères, il ne faut pas oublier que des psychanalystes furent parmi les premiers à s’intéresser au sort des autistes, à les sortir de leur enfermement asilaire et à les insérer dans des institutions ouvertes. La plupart des équipes de pédopsychiatrie, y compris celles qui sont de formation psychanalytique, ont construit vis-à-vis de la pathologie autistique des dispositifs centrés sur l’enfant et ses parents. Elles n’ont pas pour autant abandonné la réflexion psychanalytique sachant, au contraire, en approfondir les concepts, au départ plutôt réservés à la névrose, voire en créer d’autres plus adaptés à ces pathologies spécifiques du début du développement. Elles ont toujours été attentives, en même temps, à y associer d’autres courants théoriques allant des neurosciences à la psychologie développementale et à l’histoire des idées.

Il va de soi que ces moyens, s’ils étaient suffisants, devraient permettre aux enfants concernés de recevoir, le plus précocement possible grâce à une prévention réelle et efficace, une éducation spécialisée faisant appel aux méthodes choisies par les parents eux-mêmes, une pédagogie sous la forme d’une scolarisation ou tout autre moyen facilitant les apprentissages délivrée par l’éducation nationale et le secteur médicosocial, et une thérapeutique si nécessaire, fournie par les équipes de pédopsychiatrie de secteur dont c’est la mission, ainsi que par les équipes du médicosocial qui disposent des moyens de le faire, le tout sans que les parents, qui ont la responsabilité des décisions dès lors qu’il s’agit de leurs enfants, aient à assumer les surcoûts occasionnés par ces pathologies qui doivent être prises en charge par la solidarité nationale.
 

Mais au-delà, c’est le fonctionnement même de la Haute autorité de santé qu’il faut remettre en question. Après le diabète, les maladies d’Alzheimer, c’est donc au tour de l’autisme d’être l’objet d’un discours qui ne repose, quelle que soit la qualité de ses signataires, sur aucun véritable critère scientifique validé. Des préjugés, des atermoiements, des contradictions, des affirmations contestables, la stigmatisation de toute une profession comme seule réponse à la détresse des patients et de leurs familles. Un écran de fumée politique et idéologique commenté par un président engagé lui-même politiquement, ne faisant pas mystère de ses convictions et usant de ses titres scientifiques, incontestables, pour masquer son engagement, comme il a masqué, au moment de sa nomination, ses liens d’intérêts avec les laboratoires pharmaceutiques de 2008 à 2010. Un compromis pour que ne soit pas remis en cause certains engagements financiers auprès des associations de famille.
 

 
 

 
(13) Rappelons là encore que cette recherche a été validée dans son objet et son protocole par le Comité de Protection des Personnes du CHRU de Lille, recherche menée dans le cadre d’un Programme Hospitalier de Recherche Clinique National (PHRC), validé en 2008 (PHRC 2007/1918, n° Eudra CT : 2007-A01376-47), financée par le ministère de la Santé et dont le thème est « L’efficacité thérapeutique du packing sur les symptômes de troubles graves du comportement, notamment les automutilations, des enfants porteurs de TED/TSA ».

 

Publié il y a par


26/05/2013
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