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Pierre Delion: Les packs comme processus thérapeutiques - Les fonctions miroirs

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   Le stade du miroir tel qu'il a pu etre décrit par Jacques Lacan témoigne de l'expérience d'identification de l'enfant au cours de laquelle il s'approprie l'image de son propre corps. L'identification primordiale de l'enfant a cette image correspond a la structuration du Je.

Il s'agit la d'une conquete dont certains aspects resteront sans cesse a reconsolider au cours de l'existence. Nous avons vu que précédemment a cette identification de l'enfant, son expérience fantasmatique est celle d'un corps morcelé dans un stade de narcissisme primaire, au cours duquel il est partiellement confondu dans son identité avec son environnement. Dans un premier temps de l'accession a ce qu'il est convenu d'appeler, le stade du miroir, l'enfant perçoit l'image de son corps comme celle d'un etre réel qu'il s'efforce d'approcher sans s'y reconnaître, stade qui témoigne d'une confusion premiere entre soi et l'autre.                            

Ensuite, l'enfant s'apercevra que ce qu'il perçoit n'est qu'une image, l'autre du miroir n'est pas un etre réel, il distingue alors l'image de l'autre  de la réalité de l'autre. La derniere étape de cette conquete est représentée par la conviction pour l'enfant que cette image est la sienne. En se reconnaissant, l'enfant récupere ainsi la dispersion du corps morcelé en une "totalité unifiée" qui est la représentation du corps propre. Cette dialectique de l'enfant avec son image dans le miroir témoigne de son évolution vers une personnification dans laquelle il a accédé au Je, ce que Lacan appelle l'identification primordiale.              Dans ce schéma, le sujet voit son image optique virtuelle dans le miroir, ce n'est pas lui, mais il se reconnaît dans cette image, ce qui donne la dimension de l'imaginaire a cette conquete de l'identité.                            

Si l'on revient a notre sujet, j'oserai une analogie a savoir que l'enveloppement représente un systeme identique au miroir et qui renvoie au sujet une image sensorielle de son corps qui elle aussi doit avoir quelque rapport avec l'imaginaire, puisque cette représentation sensorielle n'est pas son corps réel, mais un systeme qui a partir de sensations, et non plus d'images, lui permet une reconnaissance de lui-meme en un tout unifié, qui le représente. Sans doute les théoriciens contesteront cette pirouette mais peut-etre est-elle un sujet de réflexion intéressant a creuser. Si l'on s'interroge par ailleurs sur d'autres jeux de miroir en cause dans les packs, il me semble intéressant de s'arreter quelques instants sur ce qu'il se passe au niveau des soignants. Il y a dans cette technique l'utilisation inhabituelle pour le soignant de son identité et unité psychosomatique. Certes il pense et fantasme, mais aussi il touche et est dans un rapport de proximité corporelle tres inhabituelle. La charge émotionnelle est intense.                            

Il suffit d'avoir pratiqué des packs pour savoir que l'on est dans un moment tres particulier ou c'est soi dans son ensemble qui organise ce moment thérapeutique. Le soignant touche donc le corps de l'autre, et le regarde , ... et il y a dans ce regard quelque chose de particulier car c'est voir le patient comme nous n'avons pas l'habitude de le faire. Le sentiment du soignant a ce moment est sans doute tres proche du sentiment de responsabilité et de préoccupation intense de la mere vis a vis de son nouveau-né, dans une perception de la dépendance qui est organisée par cette forme de thérapie.                            

Le précurseur du miroir c'est le visage de la mere. En l'occurrence dans les séances de packs, il me semble que le visage des soignants qui sont entierement pris par leur fonction d'environnement, représente tout a fait un miroir précurseur. "Ce que voit le bébé quand il tourne son regard vers le visage de sa mere, c'est lui-meme, puisque lorsque la mere regarde son bébé, ce que son visage exprime est en relation directe avec ce qu'elle voit". Je pense alors que le sujet soigné voit dans ce visage, dans ces visages, quelque chose de lui-meme et que de retrouver cette expérience primitive ou primordiale, ou de la découvrir peut etre est surement extremement fondamental dans le pack. Le groupe soignant qui encadre le pack est lui-meme un miroir dans lequel le patient peut se voir. L'attitude de chacun des membres du groupe lui renvoyant quelque chose de lui-meme dans une attention subjectivante.                            

1 DE LA RÉGRESSION

La situation de thérapie par pack a mon avis repose sur l'instauration, qui peut etre parfois difficile, d'une confiance vis a vis de l'environnement qui permet la régression, et le laisser aller, pour retrouver le contact avec les parties les plus souffrantes de sa personnalité primitive.

Un sentiment de sécurité doit etre retrouvé, et une continuité, dans le rythme des séances. Leur déroulement doit pouvoir etre intériorisé. Cette reconstitution des qualités de l'environnement, qui va permettre la régression, remettra le patient en contact avec son vrai self originaire. Il faut que le soigné puisse revenir a ce stade du psyche-soma dépendant qui est le moment fondateur qui permet a l'individu de se sentir réel. Les phénomenes primitifs d'identification retrouvés aiderons la reconstruction d'un développement moins distordu, le packing permettant une aire intermédiaire d'expérience séparant et reliant la réalité intérieure et la réalité extérieure, le subjectif et l'objectif.                            

Je vous ai parlé de quelques unes des pistes que j'ai utilisées dans l'élaboration de ma pratique. Le packing a le plus souvent été pour moi une thérapeutique décidée dans une situation extreme, dans un contexte d'impuissance a juguler la catastrophe de l'autre. Peut etre est ce souvent le cas. Peut etre le sentiment d'impuissance associé a l'urgence explique en partie les grandes variations dans les techniques utilisées, Sur ces variations, je pense qu'il y a aussi comme explication la façon de chacun a faire avec le corps et le toucher. La difficulté a toucher, s'organise autour d'un interdit toucher, c'est prendre le risque de séduire, Toucher, c'est aussi risquer l'aller au-dela de l'interdit de l'Oedipe, d'entraîner l'excitation et de déferlement de la pulsion.                            

C'est prendre également le risque d'avoir a gérer quelque chose de l'agressivité. Peut etre ces sentiments expliquent le peu de communication entre les équipes au sujet des Packs. Pourtant le toucher primordial et primitif c'est assurer les soins du corps, c'est encore vérifier l'existence de l'objet. Quoi qu'il en soit je voudrais souligner que ce travail de soin doit etre fait dans un cadre élaboratif et éthique rigoureux qui doit servir de contenant aux soignants qui s'impliquent dans cette technique.



03/11/2012
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