Alain Gillis: Interdiction de... parler du packing
Interdiction de... parler du packing
Il est interdit de pratiquer le packing pour soigner les troubles autistiques de l’enfant. On le savait. Il faut savoir aussi qu’il est maintenant interdit d’en parler, d’y réfléchir à haute voix, de se réunir pour en débattre.
Le sujet est tabou, l’affaire est classée, on pourra bientôt envisager de brûler les livres.
Je devais m’entretenir lors d’une intervention auprès de philosophes, de psychologues et de psychiatres au sujet de mon expérience de cette pratique et de l’évolution de la théorie pouvant rendre compte de ses effets. Le rapport avec le Holding Winnicotien était au centre du sujet. Il n’était pas question de bonimenter pour le « packing ». On souhaitait réfléchir au sujet du développement du Moi et de la façon de concevoir le rapport entre le Corps et la conscience de Soi en prenant en compte les modifications heureuses que nous avions obtenues avant que la pratique des enveloppements ne soit finalement interdite et donc abandonnée.
Cet exposé devait avoir lieu dans un cadre universitaire tout à fait ordinaire et la réunion n’était en aucune manière « secrète »…
OR ,
elle est interdite. Le vice président d’un certain Comité de Surveillance pour le Droit des Autistes en a obtenu l’annulation sur simple demande, assortie évidemment de menaces précises qui auraient pu peser très lourd sur le budget de l’université qui m’accueillait.
Tout ça bien sûr au nom du respect de la personne humaine et de l’Europe et de la science et des autistes.
Il faut donc se rendre à l’évidence que toute réunion publique concernant l’autisme et le packing peut avoir de graves conséquences pour ceux qui en assumeraient l’organisation.
Ces réunions doivent rester confinées au cadre privé ou bien se tenir secrètement.
Ne pas pouvoir parler de ce qui est interdit, voilà qui est une petite nouveauté. Il faut supposer qu’une réunion à propos de l’usage du hachish, ou à propos de l’euthanasie, ou des mères porteuses, ou de la prostitution, etc… toutes ces choses interdites ne devraient plus être évoquées de crainte qu’elle ne fassent « propagande ». Merci à tous ces surveillants de la pensée, vraiment zélés…
Juste pour donner le ton, voici un court extrait de l’avis reçu par les autorités universitaires
.« NOUS VOUS DEMANDONS DONC PAR LA PRESENTE DE BIEN VOULOIR ANNULER CETTE ACTION DE FORMATION. A défaut, nous communiquerons sur le fait que l’Université XXX contrevient officiellement aux recommandations de la HAS. Nous ferons part de notre émotion auprès de la ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche et nous exigerons la liste et les montants des financements ayant permis l’organisation de ce séminaire, si besoin devant un recours devant la CADA. »
Précision importante : devant de telles menaces susceptibles d’affaiblir le fonctionnement d’un service universitaire, devant l’appel à manifester physiquement pour empêcher cette rencontre, à la place des responsables de l’université, j’aurais pris la même décision. J’aurais annulé.
Le problème est bien là, c’est qu’il devient facile d’interdire une pensée dès lors qu’elle devient un peu « trop dure à comprendre ».
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